Cette question, née au XIIe siècle, consiste à se demander si l’Incarnation du Fils est due au péché des êtres humain. La difficulté c’est qu’ici, nous sommes dans l’irréel, puisque les hommes pêchent. La question est donc vraiment spéculative.
Il y a plusieurs positions la ligne « scotiste » : l’Incarnation n’est pas due aux péchés des êtres humains. Il y a d’un autre coté la ligne dite « thomiste » : l’Incarnation est due aux péchés des êtres humains.
Tous les deux s’appuient sur l’Ecriture : Thomas par exemple s’appuie sur 1 Tm 1, 15 ; Lc 19, 10 : Rm 5, 20. La ligne scotiste s’appuie beaucoup sur Ep 1, 3-14.
L’Église appelle " Incarnation " le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut.
Dieu a tout créé pour l’homme, mais l’homme a été créé pour connaître, servir et aimer Dieu, pour lui offrir, dans ce monde, la création en action de grâce et pour être, dans le ciel, élevé à la vie avec Dieu. C’est seulement dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve sa vraie lumière. L’homme est prédestiné à reproduire l’image du Fils de Dieu fait homme, qui est lui-même la parfaite « image du Dieu invisible » (Col 1,15)
Il est difficile de trancher, souhaitant dépasser cette question irréelle, mais il faut surtout affirmer que si nous ne sommes en rien la raison d’être du Fils, nous sommes la raison d’être de l’Incarnation du Fils, de ce Fils en et par qui nous sommes appelés à devenir ce qu’il est lui même par nature, c’est à dire Fils de Dieu.
C’est équilibré de parler comme le fait Saint Thomas de convenance de l’Incarnation.
Pour l’Incarnation, il n’existe aucune nécessité qui contraindrait Dieu à accomplir celle-ci. S’il n’y a pas de nécessité qui contraindrait Dieu à accomplir l’Incarnation, la raison peut seulement établir la possibilité de l’Incarnation et de sa convenance. L’Incarnation ayant eu lieu, nous pouvons à postériori percevoir sa convenance. Saint thomas énumère 27 convenances à l’Incarnation, trois traits se dégagent :
- la bonté de Dieu : qui se communique à sa créature en prenant la condition humaine (dignité) et qui donc offre à l’homme cette participation à la vie de Dieu
- la puissance de Dieu capable d’assumer notre nature humaine
- la volonté de Dieu d’associer le libre-arbitre humain à la victoire sur le péché par consentement de ce même libre-arbitre et de donner par la personne de Jésus, aux êtres humains, un modèle humain, visible, qu’ils pourraient suivre.
Ce qui est certain, c’est qu’il faut tenir compte aujourd’hui dans la christologie des éléments intervenants dans les argumentations des deux lignes pour être ‘équilibré’. En particulier, nous aurions souvent tendance à ne pas tenir compte du péché.
Mais, la convenance de l’Incarnation de Saint Thomas ouvre vers la ligne scotiste et je ne vois pas de problème à soutenir cette ligne !