lundi 19 février 2007

FICHE n° 7 : Quelle position tenez-vous personnellement au sujet de « motif de l’Incarnation » et pourquoi la tenez-vous ?

Cette question, née au XIIe siècle, consiste à se demander si l’Incarnation du Fils est due au péché des êtres humain. La difficulté c’est qu’ici, nous sommes dans l’irréel, puisque les hommes pêchent. La question est donc vraiment spéculative.

Il y a plusieurs positions la ligne « scotiste » : l’Incarnation n’est pas due aux péchés des êtres humains. Il y a d’un autre coté la ligne dite « thomiste » : l’Incarnation est due aux péchés des êtres humains.

Tous les deux s’appuient sur l’Ecriture : Thomas par exemple s’appuie sur 1 Tm 1, 15 ; Lc 19, 10 : Rm 5, 20. La ligne scotiste s’appuie beaucoup sur Ep 1, 3-14.

L’Église appelle " Incarnation " le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut.

Dieu a tout créé pour l’homme, mais l’homme a été créé pour connaître, servir et aimer Dieu, pour lui offrir, dans ce monde, la création en action de grâce et pour être, dans le ciel, élevé à la vie avec Dieu. C’est seulement dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve sa vraie lumière. L’homme est prédestiné à reproduire l’image du Fils de Dieu fait homme, qui est lui-même la parfaite « image du Dieu invisible » (Col 1,15)

Il est difficile de trancher, souhaitant dépasser cette question irréelle, mais il faut surtout affirmer que si nous ne sommes en rien la raison d’être du Fils, nous sommes la raison d’être de l’Incarnation du Fils, de ce Fils en et par qui nous sommes appelés à devenir ce qu’il est lui même par nature, c’est à dire Fils de Dieu.

C’est équilibré de parler comme le fait Saint Thomas de convenance de l’Incarnation.

Pour l’Incarnation, il n’existe aucune nécessité qui contraindrait Dieu à accomplir celle-ci. S’il n’y a pas de nécessité qui contraindrait Dieu à accomplir l’Incarnation, la raison peut seulement établir la possibilité de l’Incarnation et de sa convenance. L’Incarnation ayant eu lieu, nous pouvons à postériori percevoir sa convenance. Saint thomas énumère 27 convenances à l’Incarnation, trois traits se dégagent :

- la bonté de Dieu : qui se communique à sa créature en prenant la condition humaine (dignité) et qui donc offre à l’homme cette participation à la vie de Dieu

- la puissance de Dieu capable d’assumer notre nature humaine

- la volonté de Dieu d’associer le libre-arbitre humain à la victoire sur le péché par consentement de ce même libre-arbitre et de donner par la personne de Jésus, aux êtres humains, un modèle humain, visible, qu’ils pourraient suivre.

Ce qui est certain, c’est qu’il faut tenir compte aujourd’hui dans la christologie des éléments intervenants dans les argumentations des deux lignes pour être ‘équilibré’. En particulier, nous aurions souvent tendance à ne pas tenir compte du péché.

Mais, la convenance de l’Incarnation de Saint Thomas ouvre vers la ligne scotiste et je ne vois pas de problème à soutenir cette ligne !

FICHE n° 6 : Comment expliciteriez-vous, pour un non chrétien, aujourd’hui, la notion chrétienne de salut ?

- salut = partage par un être humain de la vie trinitaire de Dieu

Le salut a pour nous de multiples dimensions :

- Le salut est notre accomplissement

Il s’agit finalement de l’accomplissement de tout homme, de sa vie. C’est ce vers quoi le cœur humain, malgré ses errements, aspire le plus profondément. Il s’agit d’une plénitude, tant en qualité qu’en durée.

Le salut dépasse ainsi toutes nos dysharmonies avec notre nature (maladie, mort, pénibilité du travail), avec d’autres êtres humains, avec nous même (volonté voulante et voulue), avec l’Absolu.

Ce salut n’est pas hétérogènes à nous mêmes, mais il correspond à notre désir le plus profond : il s’agit au plus haut point du desiderium naturale vivendi Deum.

Ce salut englobe tout l’être humain, dans toutes ses dimensions, y compris le corps : rien de ce qui nous constitue positivement, ne sera pas sauvé.

Le salut a ainsi d’abord une acception très positive : « bonheur, prospérité, réussite, octroi d’un bien positivé.

- Ce salut est, de fait, aussi une délivrance

Cela signifie, qu’il nous rend libre. En effet, nous sommes plein de faiblesses qui nous enferment sur nous mêmes, à cause souvent de la petitesse de notre comportement, de notre pensée, de nos paroles, de nos négligences, de nos mépris…

Ainsi, nous pensons que nous le salut consiste aussi à en être libérer. Cependant, il ne faut pas concevoir le salut débord comme une délivrance du mal, mais il faut plutôt concevoir que ce mal nous empêchant de parvenir à notre plénitude, nous en sommes libérés.

- Le salut est un don que Dieu nous offre

Dieu, infiniment Bon et Sage, nous aime. Il nous veux heureux. Il nous offre ce salut gratuitement, et il est pour nous le salut même. Le salut consiste en effet à vivre de sa propre vie.

Ce salut est offert à Tous sans exception. Il est un élément constitutif de notre condition humaine.

- Le salut est un salut par et en Jésus Christ

En effet, le salut consiste à devenir enfants de Dieu. Or, cela est possible puisque Jésus, en devenant en homme, s’est uni à chacun de nous, pour qu’ainsi, la vie divine puisse être répandue en tout homme.

- Ce salut est un salut à accepter et à réaliser dans le temps de notre vie terrestre

L’être humain est pour Dieu un être libre, responsable, partenaire éventuel d’une alliance. L’acceptation libre de ce salut est un acte de foi. Le refus de cette offre peut-être par autosuffisance ou par ‘jardin secret’.

- Ce salut s’inscrit dans la ligne du salut vétérotestamentaire

Le salut néotestamentaire s’inscrit dans cette ligne comme l’accomplissement d’une histoire d’alliance au cours de laquelle Dieu fait sans cesse grâce.

FICHE n° 5 : Quels rôles « la tradition ecclésiale » doit-elle jouer aujourd’hui dans l’élaboration d’une christologie ?

C’est par la médiation de ceux qui ont fait l’expérience de la rencontre avec Jésus, donc par le témoignage apostolique, et plus largement par la première tradition vivante, que nous pouvons, à notre tour, atteindre la réalité de Jésus et faire l’expérience d’une vie en relation avec lui.

Comment avoir accès à cette première tradition vivante ? Sous quelles conditions ?

- Par la tradition ecclésiale, conduit par l’Esprit-Saint et le magistère.

- Il est important aussi de voir que cette tradition est sans cesse actualisée et a permis par la détermination du canon du Nouveau Testament (les communautés chrétiennes ont constitué puis reconnu un ensemble comme « Ecriture », c'est à dire comme référence normative de sa foi, de sa relation avec Dieu) et l’élaboration de symboles de foi de nous transmettre celle-ci !

- Cela entraîne un accroissement quantitatif de la tradition ecclésiale car à chaque génération de chrétiens, il faut rendre accessible ce témoignage apostolique par de nouvelles expressions et de nouvelles mises en œuvre dans la culture, l’époque, et la situation de chaque être humain !

- Une tradition vivante d’une génération qui disparaît, appartient ensuite à la tradition ecclésiale.

Quelle importance pour une proposition de foi chrétienne aujourd’hui ?

- Nous ne pouvons confesser Jésus comme Christ, Fils de Dieu, Dieu, Seigneur et Sauveur qu’en ayant accès à l’événement « Jésus », c'est à dire par la tradition ecclésiale !

- C’est un « tout » que nous recevons dans un acte (« libre ») de foi !

- La conformité au contenu du témoignage apostolique permet d’être en communion avec les autres communautés chrétiennes (lettre de communion) et de reconnaître une « Eglise locale » comme partie constituante de l’unique Eglise « catholique ». Le magistère est le garant de cette communion et au service de la Révélation !

- C’est cette dimension communautaire, institutionnelle, « traditionnelle », universelle de la proposition chrétienne qui permet d’en assurer l’intégrité et évite l’écueil de la subjectivité !

Et dans l’élaboration d’une christologie, aujourd’hui ?

- La tradition ecclésiale est source d’inspiration pour nos élaborations christologiques, c'est à dire pour notre propre tradition vivante :

o Grâce à elle, nous pouvons nous situer par rapport à des propositions de foi et notamment des christologies qui nous ont précédés en repérant leurs forces et leurs faiblesses à leur époque et pour aujourd’hui !

o Elle nous stimule dans notre propre élaboration tout en tenant compte des positions du magistère et à ses dogmes qui sont des bornes, des points de passages obligés.

Conclusion :

Toute démarche christologique doit se rendre familière la dimension historique de la confession de foi chrétienne et s’appuyer sur cette tradition ecclésiale pour élaborer une nouvelle acceptation, expression et proposition de foi en Jésus-Christ. L’importance de la tradition ecclésiale justifie ainsi la part de l’histoire dans une démarche christologique.

FICHE n° 4 : Qu’est-ce qu’une christologie peut et doit attendre (et ne pas attendre) de la science historique ?

Nous pouvons et nous devons, comme chrétiens, annoncer un kérygme dont le contenu reste intègre mais dépasse ce que peut dire au sujet de Jésus la science historique ; car celle-ci ne peut établir que le fait du kérygme est une partie du contenu de celui-ci.

Pourquoi une telle démarche ?

La christologie ascendante (qui part de la vie de Jésus pour arriver à le dire Christ, Fils unique de Dieu, Dieu, Logos, Seigneur et Sauveur) se tourne vers la science historique pour que celle-ci l’aide à connaître « Jésus tel qu’il est vu avant les évènements de la Pâque » car nous n’avons pas de recours « immédiat » au passé et c’est par un long chemin avec l’aide de la science historique que nous pourrons recréer le contexte de l’époque de Jésus.

Les sources et les limites

- les témoignages (pas de ses adversaires, quelques sources non-chrétiennes, et les Evangiles ainsi qu’un peu les Actes !)

- Les sources non-chrétiennes nous apprennent qu’il a vécu en Palestine, qu’il a été condamné à la mort par crucifixion sous la préfecture de Ponce-Pilate (26-36) pendant le règne de Tibère [Tacite], qu’il est à l’origine d’une communauté de croyants qui se sont réclamés de lui. [Entre 110 et 120 : Pline le Jeune et le culte, Suétone avec l’expulsion des chrétiens de Rome par Claude (Ac 18,2) et Flavius Josèphe en 94 avec des interpolations chrétiennes].

- Les Evangiles sont des témoignages de foi, c'est à dire des fixations écrites partielles de tradition orales, des témoignages postpascals qui cherchent à susciter la foi.

Finalement, c’est un ensemble de sources d’ampleur assez limité et qui appartiennent pour une bonne part aux témoignages de ses premiers disciples !

- la méthode de la double différence (qui donne une image de Jésus « moins juif » et « moins chrétien » que Jésus l’a été !) ne peut satisfaire à l’élaboration d’une « biographie ».

- Pourtant, certains ont tenté d’écrire une unique « Vie de Jésus » :

· Tatien et son Diatessaron

· Le courant de la « Lebenjesuforschung » (1835-1906) qui veut remonter à la figure « réelle » de Jésus par un rationalisme parfois radical.

§ Spinoza (1670 – L’Ecriture par l’Ecriture) et Reimarus (1768 – dessein ultérieur intéressé des apôtres devant l’échec de l’établissement du royaume messianique terrestre) en sont les précurseurs

§ Strauss en 1835 (Jésus se persuade qu’il est le Messie) qui aura une influence sur Nietzsche, puis Renan en 1863 (va nier tout « surnaturel particulier »), ensuite Weiss en 1892 (Jésus est un prophète qui annonce un royaume dans lequel il sera manifesté comme Messie !) et Adolf von Harnack en 1900 (Jésus est un maître de morale et de religion !) ont écrit leur « vie de Jésus ».

- Kähler en 1892 : la spécificité historiographique des Evangiles, les spéculations humaines ne permettent pas aux auteurs de la LJF de donner une vie de Jésus car le Christ réel (geschichtlich) est, non pas le Christ de science historique (historisch) mais le Christ du kérygme, le Christ prêché, le Christ du Nouveau Testament ; donc pour parler de lui, nous pouvons et devons partir de la prédication de sa communauté.

- Albert Schweitzer en 1906, montre que la LJF nous donne autant de figures de Jésus que de tentatives d’essai sur sa vie ! Cette diversité manifeste la subjectivité de ses reconstitutions !

- Käsemann résume ainsi : « Ce n’est qu’à travers la prédication chrétienne primitive et la dogmatique ecclésiastique qui lui est liée, que nous savons quelque chose du Jésus historique »

- Bultmann (+1976) déprécie le « Was » (« ce que ») par rapport au « Dass » (« que ») à cause de sa position exégétique « hyper-critique » et sa position « fidéiste » sur l’acte de foi.

CONCLUSION : L’apport de la science historique est :

- non une preuve de la vérité de l’ensemble du contenu de la foi chrétienne (ni même du cœur !) ou du bien-fondé de celle-ci

- mais un « motif de crédibilité » de la libre décision de foi, c'est-à-dire que j’accepte tel ou tel élément raisonnable de la foi chrétienne

FICHE n° 3 : Pourquoi des définitions dogmatiques ont-elles été nécessaires en christologie ?

Il y a des Christologies

Selon la géographie, le temps, il y a une diversité de christologies ! A cette pluralité des christologies, il faut une régulation du Magistère

Le rôle régulateur du magistère (Pape et évêques)

Sa fonction est de servir le peuple chrétien et tous les autres êtres humains en favorisant leur relation au Dieu trinitaire. Il doit :

- assurer la transmission du témoignage apostolique

- réguler l’interprétation du témoignage apostolique à chaque moment de la vie de l’Eglise :

o qu’elle est un moyen fiable ou non pour que les chrétiens vivent leur relation au Dieu trinitaire

o et donc qu’elle est orthodoxe ou non (compatible avec la communion de la foi apostolique !)

- et assurer la communion des chrétiens par leur commune adhésion à ce témoignage apostolique. En effet, quand le chemin et le mode de réponse à l’offre salvifique de Dieu n’apparaissent plus clairement alors, le magistère, l’Esprit-Saint aidant, doit intervenir pour tracer un chemin, dire ce qui doit être tenu et cru et pourquoi, donner sur tel point de litige une interprétation authentique du témoignage apostolique, assurer ainsi le rétablissement de la communion et de la paix ecclésiales par l’adhésion de chaque chrétien à l’interprétation donnée.

Quelle est la nature d’une définition dogmatique ?

- dogma : ce qui paraît bon d’où opinion, décision, arrêt

- Lorsqu’on l’adopte, cette sentence d’interprétation fait autorité.

- L’Eglise ne choisit pas le terrain, le domaine qui va être celui de sa définition (imposé par le contexte) et c’est en général, par réaction à une interprétation déviante que le corpus des définitions dogmatiques s’est développé.

Permanence d’une définition dogmatique

Une définition dogmatique est et reste vraie en tant que réponse donnée par le magistère extraordinaire, à un certain moment, dans un certain langage, à une question d’interprétation du témoignage apostolique.

Il peut arriver qu’une définition dogmatique soit précisée et/ou complétée, ou même remplacée dans l’usage usuel de l’Église : c’est pourquoi une définition n’est pas seulement un point d’arrivée, elle est aussi une étape dans la vie du peuple de Dieu, un point de passage pour une formulation ultérieure.

Il ne faut donc jamais absolutiser une définition qui rendrait inutile toute élaboration ultérieure et ne jamais les ignorer non plus, car elles sont de nécessaires points de passage pour toute élaboration ultérieure.

Opportunité d’une définition dogmatique

Nous avons vu que, du fait de son rôle clarificateur et régulateur, une définition dogmatique peut devenir nécessaire à tel ou tel moment de l’histoire du christianisme.

Mais il y a toujours un risque qu’en restreignant un champ de recherche par une définition, celle-ci entraîne une liberté d’expression réduite parfois plus strictement que nécessaire. Ainsi, elle renforce la délimitation sociologique de ces communautés : soit on adhère, on est en communion avec le magistère (position orthodoxe) ou bien on s’excommunie (position hétérodoxe) [arme lourde].

Donc le magistère doit toujours s’interroger non seulement sur le contenu d’une définition envisagée mais aussi sur l’opportunité de cette définition.

Unité des définitions dogmatiques

Elles forment un tout, elles ont une unité objective et organique ; unité qui découle de et reflète l’unité de la révélation elle-même, transmise par le témoignage apostolique, que ces éléments ont pour tâche d’exprimer.

Quatre conséquences de cette unité organique :

- l’hérésie qui est soit la négation ou le refus d’une affirmation de la foi soit l’affirmation d’une proposition contraire à cette foi (la personne s’exclue, s’excommunie de la communauté)

- l’analogie de la foi (analogia fidei), principe qui dit que toute affirmation particulière de la foi chrétienne doit être comprise à la lumière de l’ensemble de cette foi (c'est à dire du témoignage apostolique) et conformément à cet ensemble

- la « hiérarchie » des vérités : position plus centrale d’une vérité dans l’ensemble du contenu de la foi !

la foi « implicite » : un chrétien peut, temporairement si possible, choisir de faire sien, sans étude personnelle approfondie, ce que tient l’Eglise. Ainsi, une difficulté localisée, ne met-elle pas en péril l’ensemble de la démarche de foi de ce chrétien.

FICHE n° 2 : Comment sont nées les christologies néotestamentaires ?

Tout d’abord, il faut comprendre ce qu’est une christologie

C’est un discours ordonné et structuré, relatif à Jésus de Nazareth, tenu par un chrétien, avec l’aide de l’Esprit-Saint, en lien avec une communauté chrétienne, en accord avec la régulation assuré par le Magistère, en s’aidant des manières dont d’autre chrétiens ont vécu et exprimé leur foi en Jésus (par les symboles, définitions dogmatiques et par la Liturgie « lex credendi, lex orandi »), qui médite, explicite et interprète le témoignage apostolique portant sur la révélation réalisée par Jésus (recueilli dans les Evangiles !).

La confession de foi « Jésus est le Christ »

- Jésus (YHWH sauve !) est un être humain situé dans l’espace et dans le temps, localisé dans l’histoire des hommes.

- Christ (messiah ou oint) : représentant de Dieu, futur descendant de David (Nathan), agrégation d’autres termes (Emmanuel, serviteur souffrant, fils d’homme)… terme polysémique mais une attente messianique en 27 qui est nationaliste et triomphaliste.

- Jésus n’a jamais employé le terme de Messie pour se qualifier

- Après la résurrection de Jésus, dire « Jésus est le Christ », c’est qualifie cet homme particulier, le sujet « Jésus », par un attribut, le titre « Christ ». Le confesser est une forme de Christologie directe. L’acte de croire est libre et porte un jugement sur l’homme Jésus et une fonction (offrir le salut à tous les êtres humains !) et une relation qui lui permet d’exercer cette fonction : Fils de Dieu.

Cette confession

- Est reconnaissance :

o De la manifestation décisive du Dieu transcendant dans le contingent (histoire / Sinaï)

o De l’offre irréversible, irrévocable du salut dans et par des évènements de notre histoire (Jésus au lac de Tibériade !)

o De l’accomplissement de la promesse vétérotestamentaire de réaliser une nouvelle alliance

- Est le résumé du kérygme (proclamation) Ac 18,5

- va donner une identité sociale (et même leur nom !), d’une secte juive déviante, on passe à un groupe religieux dont la spécificité est que ses membres se réclament de ce Jésus de Nazareth qu’ils tiennent pour Christ !

- dont une explicitation constitue une christologie et dont l’ensemble des explicitations constitue le domaine de la christologie. Kasper « La confession de foi ‘Jésus est le Christ’ est la formule brève de la foi chrétienne et la christologie n’est rien d’autre que l’interprétation consciencieuse de cette confession ».

- Jésus-Christ : noms propres qui servent à désigner celui auquel l’attribut « Christ » a été reconnu.

- Relecture de la figure du messie de l’AT selon celle de celui qui est enfin venu !

Christologie (Jésus-Christ), jésulogie (Jésus), messianisme (Christ)

Il y a des Christologies

Selon la géographie, le temps, il y a une diversité de christologies ! Dés l’origine, les écrits du NT n’ont pas la même christologie. Cela vient des différentes traditions orales portées par des communautés chrétiennes qui ont donné ces écrits néotestamentaires. De même, les différentes traditions orales viennent de différents témoins oculaires !

Il ne peut donc y avoir une unique christologie originelle !

Cette pluralité est une richesse et une chance car elle nous garde d’absolutiser une ligne particulière parce qu’elle aurait été la seule à être apostolique ou néotestamentaire et parce que cela permet d’établir un champ ouvert à notre liberté réflexive et créatrice, fondant la légitimité de notre exploration personnelle et communautaire, l’Esprit-Saint aidant et le Magistère régulant, de l’inépuisable richesse de Jésus révélant et révélé.

FICHE n° 1 : Quel(s) rôle(s) doit jouer une christologie dans l’existence d’un chrétien ?

Tout d

Tout d’abord, il faut comprendre ce qu’est une christologie

C’est un discours ordonné et structuré, relatif à Jésus de Nazareth, tenu par un chrétien, avec l’aide de l’Esprit-Saint, en lien avec une communauté chrétienne, en accord avec la régulation assuré par le Magistère, en s’aidant des manières dont d’autres chrétiens ont vécu et exprimé leur foi en Jésus (par les symboles, définitions dogmatiques et par la Liturgie « lex credendi, lex orandi »), qui médite, explicite et interprète le témoignage apostolique portant sur la révélation réalisée par Jésus (recueilli dans les Evangiles !).

Elle doit nous aider à confesser que « Jésus est le Christ »

- Jésus (YHWH sauve !) est un être humain situé dans l’espace et dans le temps, localisé dans l’histoire des hommes.

- Christ (messiah ou oint) : représentant de Dieu, futur descendant de David (Nathan), agrégation d’autres termes (Emmanuel, serviteur souffrant, fils d’homme)… terme polysémique mais une attente messianique en 27 qui est nationaliste et triomphaliste

- Après la résurrection de Jésus, dire « Jésus est le Christ », c’est qualifié cet homme particulier, le sujet « Jésus », par un attribut, le titre « Christ ». Le confesser est une forme de Christologie directe.

- Cette confession est reconnaissance, résumé du kérygme, va donner une identité sociale, dont une explicitation constitue une christologie et dont l’ensemble des explicitations constitue le domaine de la christologie. Kasper « La confession de foi ‘Jésus est le Christ’ est la formule brève de la foi chrétienne et la christologie n’est rien d’autre que l’interprétation consciencieuse de cette confession ».

- Jésus-Christ : noms propres qui servent à désigner celui auquel l’attribut « Christ » a été reconnu.

- Relecture de la figure du messie de l’AT selon celle de celui qui est enfin venu !

Christologie (Jésus-Christ), jésulogie (Jésus), messianisme (Christ)

Elle nous aide à connaître, à comprendre, à exprimer qui est ce Christ auquel nous croyons :

- pour mieux vivre notre vie quotidienne en relation authentique avec le Dieu trinitaire

- pour mieux témoigner de celui-ci

Elle ne se suffit pas elle-même (construction intellectuelle gratuite qui serait sa propre fin) mais est un « moyen de sainteté » car elle implique un comportement en adéquation avec cette christologie.

Elle est une expérience spirituelle (d’humilité notamment) puisque nous essayons de dire le Christ le mieux possible dans nos vies, mais ce que nous concevons dépasse ce que nous arrivons à exprimer, et ce que nous expérimentons dépasse ce que nous arrivons à concevoir.

Cette expérience de l’aporie de notre connaissance divine n’est pas seulement due à notre existence terrestre, mais est constitutive de notre condition crée ; aussi subsistera-t-elle, certes atténuée, dans le royaume (Jn 1,18a)

Elle nous permet de vivre une expérience de foi communautaire, car elle nous relie à des christologies qui sont ou on été élaborées dans des communautés (notamment par la liturgie !)

Elle doit inspirer notre action dans différents domaines :

- entre christologie et forme de piété : médiation unique du Christ (éviter l’hypertrophie des autres cultes marial ou des saints ou de l’Esprit [médiation historique que constitue l’Incarnation du Fils !])

- entre christologie et conception de la mission (ou de l’évangélisation !) : il faut tenir l’ensemble des différentes dimensions du Christ pour éviter la mise en avant d’une valeur de façon trop exclusive !

C’est une tâche pour tout chrétien d’élaborer sa christologie (ou de s’inspirer d’une et de se la rendre familière !) pour qu’elle soit opérationnelle dans ses choix quotidiens… c’est notre confession personnelle de la foi « commune » au Christ (et par conséquent au Dieu trinitaire !) qui nous constitue comme chrétiens !