lundi 28 janvier 2008

FICHE n° 14 : Qu’est-ce qu’il est, aujourd’hui pour vous, important de retenir du concile de Chalcédoine ?

Contexte

- Avec les difficultés de langage (ousis/hypostasis/prosopon), les déformations d’Eutychès (nature humaine absorbée comme une goutte d’eau dans la mer) à propos des Alexandrins, mal reçues par les Antiochiens pour lesquels la nature humaine du Christ, sa communauté de nature avec nous est nécessaire au salut des êtres humains car « seul ce qui est assumé par le Fils est sauvé », la condamnation à Constantinople / réhabilitation au concile d’Ephèse (« brigandage » Léon I) d’Eutychès (qui en profite pour condamner la formule « deux natures après l’union » contraire au « Tome à flavien » qui insiste et sur l’unité de la personne de Jésus et la communication des idiomes et sur les deux natures en Jésus et la répartition des voix), entraîne le successeur de Théodose Ier, Marcien (450-457) a convoqué un nouveau concile pour octobre 451 afin de mettre fin à tous ces conflits !

- Au cours de ce concile, les évêques vont approuver les symboles de Nicée et de Constantinople I (oecuménisation rétroactive !) la 2ème lettre de Cyrille à Nestorius et le Tome à Flavien, puis vont rédiger une formule de foi, une définition dogmatique, synthétique, très élaborée et très équilibrée (ce pour mettre fin à la confusion du langage) en précisant le sens des termes de nature/personne/hypostase (fixation d’un vocabulaire christologique) et en intégrant ce qui c’est dit de meilleur depuis Ephèse dans les différentes régions. Ils adoptent ainsi 27 canons et un texte qui donne une juridiction au siège de Constantinople…

- Cette définition n’est pas acceptée en Syrie, en Egypte et en Arménie : naissance des Eglises monophysites (c'est à dire qu’elles tiennent « une seule nature », divine, en Jésus après l’Incarnation. Ces divisions religieuses vont affaiblir un empire face à la Perse puis face à l’Islam (636 : prise d’Antioche !). C’est pour tenter de résoudre ces divisions qu’auront lieu les 5e et 6e conciles œcuméniques, Constantinople II (553) et Constantinople (680-681), au cours desquels seront développées et approfondies les implications de Chalcédoine…

Contenu de la définition de Chalcédoine

- confession de foi chrétienne relative à Jésus

- Ce texte synthétise d’une part l’insistance alexandrine sur l’unité de Jésus c'est à dire sur l’unicité de personne en lui (Ephèse) et d’autre part l’insistance antiochienne sur la nature humaine de Jésus exprimée :

o Par une affirmation de la réalité, de l’intégrité et de la distinction des deux natures après l’union

o Par l’expression de cette dualité par le terme « ousis » (Nature et non plus « personne »)

- cette synthèse se fait en affirmant la dualité et la distinction des natures de manière relative.

- Nouveauté de cette définition est d’exprimer l’humanité du Christ par des formulations parallèles à celles de sa divinité adoptées au 4e siècle. Il y a emploi dans les deux cas des termes :

o « consubstantiel » pour désigner une identité spécifique pour la substance humaine et une identité numérique pour la substance divine

o « nature » pour désigner l’ensemble de ce qui est inné dans l’expression « nature humine » et seulement ce qui fait que Dieu est Dieu (non closes !) dans l’expression « nature divine »

- finalement, l’expression « en deux natures » n’est pas équivalente à l’addition en Jésus de deux grandeurs mais comme exprimant le caractère composé de l’unité concrète de la personne de Jésus après l’union hypostatique (élément d’altérité fondé sur l’altérité de Dieu et de l’être humain).

La portée et les limites de la définition de Chalcédoine

- définition fixant l’essentiel du dogme christologique : point de passage incontournable car il y a un équilibre entre christologie descendante alexandrine dite du « Verbe incarné » et ascendante antiochienne dite de « l’homme assumé » et car elle est encore aujourd’hui « sotériologiquement sûre ».

- Cependant, cette définition a été souvent réinterrogée car elle a des limites :

o Elle est trop uniquement synchronique : statique, ne prend en considération qu’un des moments de la vie du Christ l’incarnation !

o Elle est difficile à penser comme coexistence de deux natures en une seule personne sans porter atteinte soit à :

§ L’unité de cette unique personne (cf. la dérive nestorienne)

§ L’intégrité de l’une ou de l’autre de ces deux natures complètes (divine ou humaine)

o Comment rendre compte dans le comportement de Jésus du déploiement et du jeu de ces deux natures, chacune pourvue de libre arbitre et de volonté, natures qui se conjuguent, s’équilibrent, s’opposent parfois ? (Constantinople III)

o Enfin, c’est aussi une aporie que de tenir un concept, une catégorie, un terme juste sur le Verbe incarné qui nous invite à reconnaître et à confesser la réalité du Christ comme mystère…

FICHE n° 13 : Qu’est-ce qu’il est, aujourd’hui pour vous, important de retenir du concile de Ephèse ?

Contexte

- L’intérêt se porte sur la personne du Christ : comment comprendre l’unité du Fils incarné, lui qui est toujours pleinement Dieu et qui est devenu pleinement homme ?

- Deux écoles de théologie :

o Alexandrie qui insiste sur l’unité du Christ, Verbe fait chair (Christologie descendante)

o Antioche qui insiste sur la pleine nature humaine du Christ (Christologie ascendante)

Il s’agit en fait de tenir un discours sur l’union des deux natures de Jésus-Christ !

- à l’époque, il y a des difficultés de compréhension entre ces deux écoles (prosopon/upostasis/ousis) et quelques contentieux (3e canon de Constantinople).

- Nestorius (+451), dans la ligne antiochienne parle de conjonction des deux natures en un seul élément le prosopon d’union (pas de souffrance ou des évènements humiliants), ne reconnaît pas Marie comme théotokos (qualitatif traditionnel).

- Cyrille d’Alexandrie (+444) réagit et donne sa position : pour un motif sotériologique, il tient qu’il ya dans le Fils un unique sujet (pour pouvoir nous offrir le salut, le partage de la vie trinitaire, il faut que le Christ puisse être « médiateur » et donc qu’il soit un, Dieu et homme en son être unique !

- Il y a un point faible dans cette christologie : c’est la non-distinction des termes « nature » et « personne ».

- Cyrille tient la « communication des idiomes » comme essentielle rejetant la « répartition des voix » de Nestorius.

- Ne pouvant s’accorder, le climat dégénérant, Théodose convoque un concile à Ephèse en juin431. et dépose tout ce beau monde fin Août.

Acquis et limites d’Ephèse

- Principal acquis : l’explicitation cyrillienne de l’unité de Jésus par « l’union selon l’hypostase » :

o Etre humains : identité spécifique (natures de même espèce)

o Trinité : identité numérique (même nature divine qui est unique)

o Jésus : 3 étapes :

§ Avant l’incarnation : Nature divine

§ Lors de l’incarnation, le Verbe, tout en gardant intégralement la nature divine assume une nature humaine complète (Cyrille « Le Verbe s’unit selon la personne (hypostasis) une nature humaine complète »

§ A partir de l’incarnation, le Verbe incarné a les deux natures (divine et un exemplaire de la nature humaine ! pas de distinction)

- limites :

o un problème de langage (personne !) : à Ephèse, « personne » désigne le sujet subsistant concret qui fait exister (en qui existent deux natures !) alors qu’aujourd’hui, ce terme désigne un individu de l’espèce humaine qui aux caractères reçus (identité originale) se voit ajouter des caractères acquis (détermination)

o tout en maintenant la distinction des deux natures après l’union, Ephèse ne met pas assez en lumière la consistance en Jésus de la nature humaine assumée.

Ce limites entraineront une clarification au concile de Chalcédoine !

Tentative de rapprochement : l’accord de 433 entre Cyrille et Jean d’Antioche (+441)

Cela n’empêchera pas les nouvelles querelles qui conduiront à la réunion de Chalcédoine, 20 ans auprès et l’apparition des Eglises séparées, dites nestoriennes (accord aujourd’hui sur la reconnaissance de Marie comme théotokos !

FICHE n° 12 : Qu’est-ce qu’il est, aujourd’hui pour vous, important de retenir du concile de Constantinople I ?

Contexte

- Constance II est arien, les deux-tiers des évêques aussi (excepté quelques uns comme Athanase ou Hilaire)

- Dans la continuité de Nicée I, à partir de 350, peut-on dire de l’Esprit qu’il est Dieu comme le Père et le fils, qu’il est leur égal ?

- Théodose (proche des positions du pape Damase) convoque en 381 ce concile pour mettre fin aux dissensions religieuses existant en Orient et dans le but de confirmer Nicée et de préciser son troisième article. On a perdu les Actes, mais ce concile adopte un symbole et quatre canons. On en parle très peu pendant 70 ans y compris au concile d’Ephèse. C’est celui de Chalcédoine qui reconnaît le caractère œcuménique de ce Concile !

- Le symbole est entré dans nos liturgies au fur et à mesure du 5e au 11e siècle. Il est quasi-identique à celui que nous confessons sous le nom de « Nicée-Constantinople » à l’exception du « Filioque »

- Problème lié à la création d’une primauté d’honneur pour l’évêque de Constantinople !

Symbole

- il réaffirme la position orthodoxe de Nicée en gardant une portée antiarienne avec quelques modifications (suppression de « c'est à dire de la substance du Père pour ne pas signifier une division quasi-physique de la nature du Père, addition « de l’Esprit-Saint et de la Vierge Marie », et addition de »dont le règne n’aura pas de fin » à l’encontre des Marcelliens.

- La reconnaissance de la divinité de l’Esprit (refusé par les ariens et les pneumatomaques ou macédoniens), similaire par la démarche à celle du Fils à Nicée I : motivation sotériologique car l’esprit est l’agent de la mise en œuvre de ce partage.

- 3e article qui est composé de cinq affirmations relatives à l’Esprit-Saint (Qui est Seigneur, vivifiant, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes) sans dire et quatre autres relatives à l’Eglise, au baptême, à la résurrection des morts, à la vie éternelle (actions de l’esprit)

Doctrine trinitaire :

- Il y a en Dieu une seule essence qui existe en trois hypostases égales

- Chaque hypostase a sa caractéristique propre qui la singularise, qui la rend unique !

- Immanence mutuelle, présence réciproque des Trois les unes dans les autres !

- Unité de la trinité qui assure l’unité de l’action divine : aucune personne n’agit ad extra

Cela entraîne la condamnation du subordinatianisme et du modalisme.

Prise de position christologique contre Apollinaire (310-390)

- Apollinaire veut maintenir la pleine divinité du Christ, l’unité de la personne du Christ, le salut réalisé par le Christ

- Sa réflexion tient compte d’une impossibilité de deux volontés dans un même sujet (nature humaine incomplète) et d’une non-reconnaissance de la volonté humaine du Christ.

- Doctrine d’Apollinaire : le Verbe tient d’âme au Corps (Corps – âme), et plus exactement d’esprit (corps – âme sensible –esprit)

- Or ce que le Christ n’a pas assumé, Il ne l’a pas sauvé ! La tradition chrétienne pense que l’être humain est capable, sans cesser d’être lui-même, d’une ouverture et d’un accueil à ce qui dépasse le fini, c'est à dire capable d’union à Dieu.

Conséquences de Constantinople I :

- achèvement d’une principale explicitation de la foi trinitaire des chrétiens. A partir de là, l’hérésie arienne va péricliter, sans jamais disparaître complètement.

- Reste une question soulevée par Apollinaire : « Comment comprendre ce que nous disons au sujet de Jésus, lorsque nous confessons qu’il est à la fois vraiment Dieu et vraiment homme ? ». Cette question entraînera les convocations des 3e et 4e conciles œcuméniques, Ephèse (431) et Chalcédoine (451).

FICHE n° 11 : Qu’est-ce qu’il est, aujourd’hui pour vous, important de retenir du concile de Nicée I ?

Contexte

- L’empereur Constantin, à cause du désordre venant de l’affaire d’Arius, convoque en 324 tous les évêques à un premier concile œcuménique à Nicée (future Constantinople).

- Le schisme donatiste : « traditores » ne sont pas reconnus ! Carthage en 411 condamnera cette position en soulignant que, comme c’est le Christ qui est le vrai ministre d’un sacrement, la validité d’un sacrement ne dépend pas de la sainteté du ministre. Cependant son influence est encore vivace à l’époque de Nicée I.

- Il n’y a pas d’actes officiels, durée d’un mois !, peu d’évêques d’Occident présents (5) !

Arius (250-336)

- Difficulté de tenir en même temps : la foi au Père et au Fils et à L’esprit et l’affirmation de l’unicité de Dieu avec ces interrogations :

o Comment situer Jésus, « Fils de dieu », par rapport au Père ?

o Comment comprendre la « filiation divine » de Jésus ? (Unicité ? Immutabilité ? Impassibilité ?)

o Jésus peut-il être dit « Dieu » comme le Père ?

- Pour Arius, le Fils ne peut partager la nature divine du Père sinon Dieu serait divisible et sujet au changement. Cela va entraîner le subordinatio(a)nisme (Fils = essence inférieure au Père)! Pas de communion avec le Père et le Fils est une création du Père (commencement, non immuable, non impassible !

La réponse des Pères de Nicée

- Une motivation sotériologique : c'est à dire un partage offert de la vie trinitaire qui nous ait donné par la vie, la mort et la résurrection du Fils unique faisant de nous des fils adoptifs de Dieu. (S’il n’est pas Dieu, il ne peut nous faire de nous des enfants de Dieu, c'est à dire nous faire partager la vie divine en plénitude !)

- Quatre affirmations dans le symbole de Nicée : le caractère trinitaire, le Fils est vrai Dieu, non soumis au changement ou à l’altération, est engendré et non pas fait, ni crée, consubstantiel au Père, car il est engendré de la substance du Père par une génération intemporelle et immatérielle, qui n’entraîne pas de division de l’engendrant et dans laquelle l’engendré est de même substance que l’engendrant.

La portée de Nicée I pour nous, aujourd’hui

- la naissance du langage « dogmatique » : nouvelle expression de foi avec des termes non bibliques pour la réflexion philosophique de l’époque et une recherche de l’unification des expressions ecclésiales de la foi. Il est la principale confession de foi liturgique en orient et en occident (critère d’orthodoxie). Nous devons à cet exemple, faire en sorte que la révélation chrétienne puisse atteindre chaque être humain au sein de la culture et de l’époque où il vit.

- une inculturation fidèle du témoignage apostolique qui se doit être fidèle, c'est à dire respectueuse de la spécificité de ce témoignage (Arius et l’émanation qui est une pensée du moyen platonisme ou bien Nicée I, qui tranche en choisissant de nouveaux termes « engendrer » et « consubstantiel » afin d’éviter la déviance vers des systèmes de pensée impropres au christianisme.

- une explicitation déterminante de la conception chrétienne de Dieu :

o Jésus est le visage humain de Dieu.

o La transcendance de Dieu se révèle en Jésus, Fils incarné, comme une liberté absolue, qui n’est limitée par rien d’extérieur à lui. Cette transcendance peut assumer ce qui est différent d’elle, comme une nature autre car elle peut s’exprimer à travers une existence humaine ; elle est même compatible avec une communication (médiation ?) de Dieu lui-même par lui-même aux être humains.

- Ainsi, ce qui est dit de Jésus permet d’éclairer le mystère de Dieu lui-même. Le Père engendre éternellement un Fils auquel il donne tout ce qu’il est, tout ce qu’il a. Dieu est en lui-même don, accueil, échange, communion.

FICHE n° 10 : Que pensez-vous important de souligner, aujourd’hui, dans le développement de la théologie trinitaire entre 100 et 325 ?

Contexte :

- les principales christologies sont celles d’Ignace (35-107), Justin (100-168), Irénée (130-200), Tertullien (160-225), Origène (185-254) dont on retrouve un noyau commun (avec des accentuations particulières pour chaque auteur !) que l’on retrouve dans les formulations des conciles christologiques du Vème siècle.

- Noyau composé par ces quatre affirmations :

o Jésus est le Christ, le Fils unique de Dieu, Dieu, le Logos préexistant de dieu, Seigneur

o Le fils s’est réellement incarné, fait homme ; ceci a réalisé l’offre du salut, désormais proposable à tout être humain

o La personne de Jésus est indivisiblement une

o Jésus est, à la fois, pleinement dieu et pleinement homme

- les principales hérésies contestant l’humanité de Jésus :

o le docétisme (« dokein » : sembler, paraître ; Jésus n’a qu’une apparence humaine !)

o le marcionisme (dualiste pour les testaments ; apparence d’un homme [sauf les souffrances qui sont bien réelles])

o le gnosticisme (dualisme esprit/matière [mal]) ; salut possible pour les initiés !)

o précurseurs de l’apollinarisme (Verbe-Corps [vêtement], âme ?, compromet l’unité du Christ !)

- les principales hérésies contestant la divinité de Jésus :

o l’ébionisme (« pauvre », simple homme, messie qui doit revenir !)

o l’adoptianisme (simple homme qui par le don de l’esprit, a été adopté en tant que fils de Dieu et parfois élevé à la divinité ; saint homme, vie parfaite !)

Aujourd’hui, ce qui est important de souligner :

- La réflexion chrétienne sur Dieu part du monothéisme vétérotestamentaire. Il faut repenser ce monothéisme en fonction et en dépendance de ce que la révélation réalisée par Jésus, transmise par le témoignage apostolique puis par la tradition ecclésiale, dit du Père, du fils, et de l’Esprit et qui est présent et vécu dans la vie des communautés chrétiennes, notamment dans la Catéchèse et la Liturgie !

- les premières théologies chrétiennes tentent de répondre à deux questions qui sont liées :

o Comment dire un Dieu unique qui est Père, Fils et Esprit ?

o Comment situer le Fils et l’Esprit par rapport au Père ? Comment dire leur nature et leurs relations ?

- La triplicité divine, révélée par l’économie (Irénée - Tertullien).

- L’exigence d’un vocabulaire que donne Tertullien :

o « persona » pour expliciter ce qu’il y a en Dieu de distinct et de trine (« seul parce que rien d’autre n’est en dehors, au-delà de lui »)

o « substantia » pour expliciter ce qu’il y a de commun et d’unique en Dieu : la distinction n’est ni séparation ni division. Le Fils et l’Esprit sont « participants de la substance du Père ». (Comparaison sorties de la Nature : source – fleuve – ruisseau

- Origène va distinguer le Père, le Fils et l’Esprit selon trois hypostases (réalités subsistantes) de toute éternité ! Il est à l’origine d’une hiérarchie des personnes divines. Toute divinité vient du Père. L’esprit collabore avec le Fils au salut des hommes.

- Le terme de notre prière ne peut-être que le Père (Origène)

Deux déviations :

- le Modalisme : trop nette distinction des personnes : pas de réalité de tout temps du Fils [patripassianisme] et de l’Esprit [sabellianisme] distincte de celle du Père.

- Le subordinationisme : déviation du discours sur la réalité et la distinction des Trois à l’intérieur du Dieu unique qui permet de préserver la transcendance, l’immuabilité et l’impassibilité divines, reconnues au Père seul !

NOTE : une distinction se fait déjà chez les théologiens entre l’orient et l’occident :

- L’orient part des Trois personnes de la Trinité pour arriver au Dieu unique (identité de Nature).

- L’occident, à l’inverse part de l’unicité et de l’unité de Dieu pour arriver à en distinguer les personnes en lui

- « substance » dit en occident l’élément commun aux Trois, alors que « hypostase » dit en orient l’élément propre à chacun d’eux !

FICHE n° 9 : Que pensez-vous important de souligner, aujourd’hui, dans le développement de la christologie entre 100 et 325 ?

Contexte :

- les principales christologies sont celles d’Ignace (35-107), Justin (100-168), Irénée (130-200), Tertullien (160-225), Origène (185-254) dont on retrouve un noyau commun (avec des accentuations particulières pour chaque auteur !) que l’on retrouve dans les formulations des conciles christologiques du Vème siècle.

- Noyau composé par ces quatre affirmations :

o Jésus est le Christ, le Fils unique de Dieu, Dieu, le Logos préexistant de dieu, Seigneur

o Le fils s’est réellement incarné, fait homme ; ceci a réalisé l’offre du salut, désormais proposable à tout être humain

o La personne de Jésus est indivisiblement une

o Jésus est, à la fois, pleinement dieu et pleinement homme

- les principales hérésies contestant l’humanité de Jésus :

o le docétisme (« dokein » : sembler, paraître ; Jésus n’a qu’une apparence humaine !)

o le marcionisme (dualiste pour les testaments ; apparence d’un homme [sauf les souffrances qui sont bien réelles])

o le gnosticisme (dualisme esprit/matière [mal]) ; salut possible pour les initiés !)

o précurseurs de l’apollinarisme (Verbe-Corps [vêtement], âme ?, compromet l’unité du Christ !)

- les principales hérésies contestant la divinité de Jésus :

o l’ébionisme (« pauvre », simple homme, messie qui doit revenir !)

o l’adoptianisme (simple homme qui par le don de l’esprit, a été adopté en tant que fils de Dieu et parfois élevé à la divinité ; saint homme, vie parfaite !)

Aujourd’hui, ce qui est important de souligner :

- c’est un tout qui constitue le moment central de l’économie divine (Ignace d’Antioche) : Incarnation, Vie, passion, mort et résurrection de Jésus, inscrit dans une histoire commençant à la Création, culminant à l’Incarnation, s’achevant et s’accomplissant à la parousie (Justin), Jésus-Christ récapitule tout afin de tout rendre participant à la vie trinitaire (Irénée) [« L’Esprit préparant d’avance l’homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduisant au Père, et le Père lui donnant l’incorruptibilité et la vie éternelle, qui résultent de la vie de dieu pour ceux qui le voient »IV,20,5], c’est l’intégrité de la personne humaine qui est assumée [âme/corps] (Tertullien)

- la volonté ferme de tenir le « deux » : l’humanité et la divinité de Jésus-Christ par l’emploi de termes antithétiques (Ignace), le verbe demeurant impassible s’est lui-même fait passible en devenant homme (Irénée), deux natures intégrales, inchangées, distinctes, gardant chacune leur propriétés et leur activité (Tertullien) [Deus/homo, spriritus/caro]

- La nouveauté radicale du christianisme par rapport au judaïsme (Justin) et Jésus est bien le Messie annoncé dans l’Ancien Testament (Tertullien)

FICHE n° 8 : Qu’est-ce que pour vous aujourd’hui, la proposition chrétienne de la foi en Jésus-Christ peut et doit attendre (et ne pas attendre) d’une

La nécessité d’une inculturation du témoignage apostolique

- La christologie s’efforce d’être la transmission vivante, actuelle d’un message : le témoignage apostolique sur Jésus, confessé comme verbe incarné et comme source d’un salut offert à tout être humain de toute culture. Témoignage explicité dans des mots des concepts appartenant à des cultures particulières, mais qui doit pouvoir être reçu dans chaque autre culture (« devoir d’inculturation »).

- Une anthropologie philosophique peut : (reste partiellement indéterminée !) faire discerner à l’être humain la question du sens ultime de son existence et lui faire percevoir qu’aucune des réalités terrestres (sens partiels) n’est susceptible de donner ce sens ultime (« tu nous as faits vers toi et inquiet notre cœur jusqu’à ce qu’il ne repose en toi »)

- dans cette mesure, elle est un élément favorable, une structure d’accueil aidant à reconnaître la révélation réalisée par Jésus comme donnant ce sens ultime.

- Arriver au sens ultime par un acte de foi, qui fait de l’être humain un chrétien

- La théologie philosophique ou naturelle peut faire discerner l’existence et certains traits véridiques de Dieu

Ecueil d’une norme philosophique qui s’imposerait à la révélation

- pas de norme de la divinité ou de l’humanité au nom d’une connaissance qui ferait abstraction de la révélation. On ne peut poser des limites à Dieu. Tentation de « réduction anthropologique » !

- règle de conduite qui permet de parer à cette tentation : refus de normer la révélation de Dieu en Jésus

- des essais pour normer la Révélation ont surgi :

o La confrontation avec l’hellénisme (refus de mettre des limites à Dieu ! Incarnation)

o Une illustration moderne du péril : Kant (1726-1804) et le théisme éthique (Jésus = maître de morale), une religion dans les simples limites de la raison

o Une illustration contemporaine du péril : G. Morel (1919-1989), transcendance de Dieu, Il ne peut avoir deux natures, le Tout Autre ne peut devenir le semblable ! (Alors qu’Il inscrit l’exercice de sa nature divine dans les limites de cette existence humaine)

Il y a une impasse : La trinité veut nous donner part à sa vie et en s’incarnant par le Fils, elle manifeste et exerce cette transcendance divine en que révélation, épiphanie de qui est Dieu, théophanie.

Cependant, avec l’illustration de la christologie transcendantale de Rahner on peut déduire à partir d’une réflexion philosophique sur l’être humai, une christologie ‘a priori’ ou transcendantale

- une anthropologie philosophique : à partir de la seule expérience que l’homme fait de lui-même

- une christologie transcendantale : ‘christ’ = une éventuelle révélation salvifique faite aux êtres humains absolu par l’être absolu (parole gratuite, source de sens et d’accomplissement pour l’homme)

- la christologie catégoriale : la révélation chrétienne est du domaine du catégorial car elle a lieu dans l’histoire. ( différent d’une christologie ’transcendantale’/‘essentiel’)

- mise en relation des deux christologies : l’évènement Jésus-Christ, tenu par les chrétiens pour une autorévélation catégoriale en tant qu’il est incarnation du Fils, présente les caractères que la christologie transcendantale requiert d’une éventuelle révélation et dépasse celle-ci.

- « La christologie peut-être traitée comme une anthropologique qui se transcende elle-même et l’anthropologie comme une christologie déficient » (Ecrits Théologiques I)

- Cette démarche de Rahner ne porte pas atteinte ni à l’indéductible nouveauté de la révélation catégoriale (à l’essentiel de ce que serait une éventuelle offre d’accomplissement et au moment et aux circonstances de sa réalisation historique), ni à la gratuité de la révélation catégoriale (car elle affirme que l’Incarnation n’est ni quelque chose qui serait due, ni une nécessité qui s’imposerait au Dieu trinitaire.

- La christologie ne norme donc pas la révélation catégoriale. (parallèle avec l’Amour)

- Grâce à cette démarche, il y a adéquation entre ce que l’être humain perçoit ce qui lui est nécessaire à son accomplissement (Christologie transcendantale) et ce que le Dieu trinitaire offre, en et par Jésus, à cet ête humain (christologie catégoriale).

- Cette adéquation vient de l’unicité, de l’unité, de la cohérence du dessein de Dieu trinitaire envers les êtres humains, manifestées dans l’économie (mise en œuvre du dessein de Dieu !) : la Création (condition de possibilité et source de la christologie transcendantale) et l’Incarnation (Catégoriale).

- Conclusion : une anthropologie philosophique peut devenir une structure d’accueil pour la christologie catégoriale mais pas une norme et la christologie catégoriale est norme pour toute anthropologie théologique et source de son élaboration.

- [être humain capable d’accueillir librement l’offre de relation et d’amitié du Dieu trinitaire, un être fait pour et ordonné par nature au partage de la vie trinitaire.

lundi 19 février 2007

FICHE n° 7 : Quelle position tenez-vous personnellement au sujet de « motif de l’Incarnation » et pourquoi la tenez-vous ?

Cette question, née au XIIe siècle, consiste à se demander si l’Incarnation du Fils est due au péché des êtres humain. La difficulté c’est qu’ici, nous sommes dans l’irréel, puisque les hommes pêchent. La question est donc vraiment spéculative.

Il y a plusieurs positions la ligne « scotiste » : l’Incarnation n’est pas due aux péchés des êtres humains. Il y a d’un autre coté la ligne dite « thomiste » : l’Incarnation est due aux péchés des êtres humains.

Tous les deux s’appuient sur l’Ecriture : Thomas par exemple s’appuie sur 1 Tm 1, 15 ; Lc 19, 10 : Rm 5, 20. La ligne scotiste s’appuie beaucoup sur Ep 1, 3-14.

L’Église appelle " Incarnation " le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut.

Dieu a tout créé pour l’homme, mais l’homme a été créé pour connaître, servir et aimer Dieu, pour lui offrir, dans ce monde, la création en action de grâce et pour être, dans le ciel, élevé à la vie avec Dieu. C’est seulement dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve sa vraie lumière. L’homme est prédestiné à reproduire l’image du Fils de Dieu fait homme, qui est lui-même la parfaite « image du Dieu invisible » (Col 1,15)

Il est difficile de trancher, souhaitant dépasser cette question irréelle, mais il faut surtout affirmer que si nous ne sommes en rien la raison d’être du Fils, nous sommes la raison d’être de l’Incarnation du Fils, de ce Fils en et par qui nous sommes appelés à devenir ce qu’il est lui même par nature, c’est à dire Fils de Dieu.

C’est équilibré de parler comme le fait Saint Thomas de convenance de l’Incarnation.

Pour l’Incarnation, il n’existe aucune nécessité qui contraindrait Dieu à accomplir celle-ci. S’il n’y a pas de nécessité qui contraindrait Dieu à accomplir l’Incarnation, la raison peut seulement établir la possibilité de l’Incarnation et de sa convenance. L’Incarnation ayant eu lieu, nous pouvons à postériori percevoir sa convenance. Saint thomas énumère 27 convenances à l’Incarnation, trois traits se dégagent :

- la bonté de Dieu : qui se communique à sa créature en prenant la condition humaine (dignité) et qui donc offre à l’homme cette participation à la vie de Dieu

- la puissance de Dieu capable d’assumer notre nature humaine

- la volonté de Dieu d’associer le libre-arbitre humain à la victoire sur le péché par consentement de ce même libre-arbitre et de donner par la personne de Jésus, aux êtres humains, un modèle humain, visible, qu’ils pourraient suivre.

Ce qui est certain, c’est qu’il faut tenir compte aujourd’hui dans la christologie des éléments intervenants dans les argumentations des deux lignes pour être ‘équilibré’. En particulier, nous aurions souvent tendance à ne pas tenir compte du péché.

Mais, la convenance de l’Incarnation de Saint Thomas ouvre vers la ligne scotiste et je ne vois pas de problème à soutenir cette ligne !

FICHE n° 6 : Comment expliciteriez-vous, pour un non chrétien, aujourd’hui, la notion chrétienne de salut ?

- salut = partage par un être humain de la vie trinitaire de Dieu

Le salut a pour nous de multiples dimensions :

- Le salut est notre accomplissement

Il s’agit finalement de l’accomplissement de tout homme, de sa vie. C’est ce vers quoi le cœur humain, malgré ses errements, aspire le plus profondément. Il s’agit d’une plénitude, tant en qualité qu’en durée.

Le salut dépasse ainsi toutes nos dysharmonies avec notre nature (maladie, mort, pénibilité du travail), avec d’autres êtres humains, avec nous même (volonté voulante et voulue), avec l’Absolu.

Ce salut n’est pas hétérogènes à nous mêmes, mais il correspond à notre désir le plus profond : il s’agit au plus haut point du desiderium naturale vivendi Deum.

Ce salut englobe tout l’être humain, dans toutes ses dimensions, y compris le corps : rien de ce qui nous constitue positivement, ne sera pas sauvé.

Le salut a ainsi d’abord une acception très positive : « bonheur, prospérité, réussite, octroi d’un bien positivé.

- Ce salut est, de fait, aussi une délivrance

Cela signifie, qu’il nous rend libre. En effet, nous sommes plein de faiblesses qui nous enferment sur nous mêmes, à cause souvent de la petitesse de notre comportement, de notre pensée, de nos paroles, de nos négligences, de nos mépris…

Ainsi, nous pensons que nous le salut consiste aussi à en être libérer. Cependant, il ne faut pas concevoir le salut débord comme une délivrance du mal, mais il faut plutôt concevoir que ce mal nous empêchant de parvenir à notre plénitude, nous en sommes libérés.

- Le salut est un don que Dieu nous offre

Dieu, infiniment Bon et Sage, nous aime. Il nous veux heureux. Il nous offre ce salut gratuitement, et il est pour nous le salut même. Le salut consiste en effet à vivre de sa propre vie.

Ce salut est offert à Tous sans exception. Il est un élément constitutif de notre condition humaine.

- Le salut est un salut par et en Jésus Christ

En effet, le salut consiste à devenir enfants de Dieu. Or, cela est possible puisque Jésus, en devenant en homme, s’est uni à chacun de nous, pour qu’ainsi, la vie divine puisse être répandue en tout homme.

- Ce salut est un salut à accepter et à réaliser dans le temps de notre vie terrestre

L’être humain est pour Dieu un être libre, responsable, partenaire éventuel d’une alliance. L’acceptation libre de ce salut est un acte de foi. Le refus de cette offre peut-être par autosuffisance ou par ‘jardin secret’.

- Ce salut s’inscrit dans la ligne du salut vétérotestamentaire

Le salut néotestamentaire s’inscrit dans cette ligne comme l’accomplissement d’une histoire d’alliance au cours de laquelle Dieu fait sans cesse grâce.

FICHE n° 5 : Quels rôles « la tradition ecclésiale » doit-elle jouer aujourd’hui dans l’élaboration d’une christologie ?

C’est par la médiation de ceux qui ont fait l’expérience de la rencontre avec Jésus, donc par le témoignage apostolique, et plus largement par la première tradition vivante, que nous pouvons, à notre tour, atteindre la réalité de Jésus et faire l’expérience d’une vie en relation avec lui.

Comment avoir accès à cette première tradition vivante ? Sous quelles conditions ?

- Par la tradition ecclésiale, conduit par l’Esprit-Saint et le magistère.

- Il est important aussi de voir que cette tradition est sans cesse actualisée et a permis par la détermination du canon du Nouveau Testament (les communautés chrétiennes ont constitué puis reconnu un ensemble comme « Ecriture », c'est à dire comme référence normative de sa foi, de sa relation avec Dieu) et l’élaboration de symboles de foi de nous transmettre celle-ci !

- Cela entraîne un accroissement quantitatif de la tradition ecclésiale car à chaque génération de chrétiens, il faut rendre accessible ce témoignage apostolique par de nouvelles expressions et de nouvelles mises en œuvre dans la culture, l’époque, et la situation de chaque être humain !

- Une tradition vivante d’une génération qui disparaît, appartient ensuite à la tradition ecclésiale.

Quelle importance pour une proposition de foi chrétienne aujourd’hui ?

- Nous ne pouvons confesser Jésus comme Christ, Fils de Dieu, Dieu, Seigneur et Sauveur qu’en ayant accès à l’événement « Jésus », c'est à dire par la tradition ecclésiale !

- C’est un « tout » que nous recevons dans un acte (« libre ») de foi !

- La conformité au contenu du témoignage apostolique permet d’être en communion avec les autres communautés chrétiennes (lettre de communion) et de reconnaître une « Eglise locale » comme partie constituante de l’unique Eglise « catholique ». Le magistère est le garant de cette communion et au service de la Révélation !

- C’est cette dimension communautaire, institutionnelle, « traditionnelle », universelle de la proposition chrétienne qui permet d’en assurer l’intégrité et évite l’écueil de la subjectivité !

Et dans l’élaboration d’une christologie, aujourd’hui ?

- La tradition ecclésiale est source d’inspiration pour nos élaborations christologiques, c'est à dire pour notre propre tradition vivante :

o Grâce à elle, nous pouvons nous situer par rapport à des propositions de foi et notamment des christologies qui nous ont précédés en repérant leurs forces et leurs faiblesses à leur époque et pour aujourd’hui !

o Elle nous stimule dans notre propre élaboration tout en tenant compte des positions du magistère et à ses dogmes qui sont des bornes, des points de passages obligés.

Conclusion :

Toute démarche christologique doit se rendre familière la dimension historique de la confession de foi chrétienne et s’appuyer sur cette tradition ecclésiale pour élaborer une nouvelle acceptation, expression et proposition de foi en Jésus-Christ. L’importance de la tradition ecclésiale justifie ainsi la part de l’histoire dans une démarche christologique.